(Agence Ecofin) - Le gouvernement du Zimbabwe semble avoir changé de fusil d'épaule, concernant l'application de la loi sur l'indigénisation des investissements étrangers qui, jusque là, contraint les entreprises non zimbabwéennes à céder 51% de leurs actionnariats à des nationaux, a-t-on constaté à la suite d'une réaction face à des journalistes du ministre de ce pays en charge des finances.
« Nous ne prenons à personne 51% de son argent, et la question est traitée au cas par cas. Le gouvernement décidera au sein de combien d'entreprises les nationaux de race noire pourront avoir des parts et dans quelles proportions. Nous comprenons aisément l'importance qu'il y a à avoir des investisseurs étrangers dans les banques, compte tenu des besoins de liquidités qui encadrent ce secteur d'activité. Le ministre de l'indigénisation devrait très bientôt déposer un projet de loi relativement à cette question », a fait savoir Patrick Chinamasa, selon des propos rapportés par Bloomberg.
De l'avis de certains observateurs de cette dynamique, le gouvernement de Harare est en train d'assouplir les conditions de cette loi qui, à ses débuts, a suscité de l'engouement autour du président Robert Mugabe, parce que le pays fait face à des défis financiers sans précédent. Dans une situation de rareté de liquidités, le pays qui doit encore importer une grande partie de ses biens de consommation fait face à une déflation susceptible de peser non seulement sur sa productivité interne, mais aussi sur sa balance des paiements.
Pour la deuxième fois de l'année, au mois de mars dernier, l'économie zimbabwéenne a affiché selon des statistiques constantes, une croissance négative de -0,91%, conséquence d'un environnement économie morose, avec une hausse signalée du chômage, la fermeture de boutiques et de certaines entreprises et une baisse conséquente du pouvoir d'achat global.
Rappelons que la législation sur l'indigénisation avait été adopté en 2008 au Zimbabwe et dans les trois ans qui ont suivi, elle est entrée en vigueur, contraignant les entreprises étrangères ou détenues par des personnes de race blanche avec des actifs de plus de 500 000 $, de transférer 51% de leur capital à des investisseurs noirs. Si l'initiative semblait évidente dans les faits pour des entreprises minières, agricoles ou de télécommunications, elle est devenue compliquée pour le système bancaire dont le financement nécessite en permanence des liquidités, d’autant plus que, face à la dévalorisation de la monnaie locale, les autorités ont introduit le dollars US comme monnaie d'échange.
Si la révision de cette mesure intervenait effectivement pour le secteur bancaire déjà, les premières à en profiter serait les filiales de Barclays Bank, Standard Chartered Bank et Standard Bank Group.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.