(Agence Ecofin) - Le groupe sud-africain Netcare, spécialisé dans les investissements du secteur de la santé, a fait savoir mercredi qu'il démentait les informations lui imputant le fait d'avoir, dans un seul projet, absorbé une part importante du budget destiné à la santé publique dans l'Etat du Lesotho, indiquant que son engagement dans ce pays était un parfait succès de collaboration avec les autorités.
L'opérateur, coté sur la Bourse de Johannesburg est actionnaire majoritaire à 40% d'un groupe qui s'est vu attribué la construction, le financement et la gestion de la Queen Mamohato Memorial Hospital situé à Maseru, la capitale du Lesotho. Il explique que les coûts pour le gouvernement ne représente que 35% du budget alloué par le pays au secteur de la santé publique au cours du premier trimestre.
Pourtant, l'ONG britannique Oxfam à l'origine de cette polémique a établi pour sa part que, rien qu'à lui seul, ce projet attirait près de 51% du budget consacré par le Lesotho à la santé publique, et qu'il avait contribué aux 2/3 à la hausse des dépenses de santé au plan global. Oxfam a laissé entendre, dans son rapport, que les malades hospitalisés devaient payer des frais jusqu'à 786 $, dans un pays où, selon les statistiques de la Banque mondiale, le revenu par habitant en valeur relative était de 1193 $ en 2012, soit plus de la moitié absorbée par Netcare.
Toujours selon le rapport d'Oxfam, rien que pour l'année 2013, l'entreprise sud-africaine a touché à peu près 120,8 millions $, du gouvernement du Lesotho, alors même que de nombreux hôpitaux situés en zones rurales ne reçoivent pas de financement adéquats.
Netcare se défend expliquant que, dans le cadre du contrat de partenariat public-privé qui le lie au gouvernement local, il était question qu'on lui garantisse un retour sur investissement entre 13 et 18%. Il explique aussi avoir installé des appareils qui jusque-là n'existaient pas et améliorent aujourd'hui la qualité de vie, et que ces soins de qualité profitent aujourd'hui à 26% de la population du Lesotho.
Sur les perspectives, les deux acteurs ont aussi des points de vue différents. Oxfam soutien que la décision du gouvernement d’accroître le salaire des personnels de santé va contribuer à enfler la facture, et, de son côté, Netcare soutient que cette facture va être réduite, parce que le gouvernement du Lesotho a investi dans d'autres services de santé publique.
Cette discussion trouve tout son intérêt dans un contexte où l'Afrique devrait abriter du 28 au 31 mai 2014 prochain à Maputo au Mozambique, une conférence sur le financement des infrastructures du futur, un prolongement à un autre événement du genre tenu à Yaoundé au Cameroun, et où de nombreux bailleurs de fonds, le FMI en tête, recommande l'option du partenariat public-privé comme solution innovante aux défis des infrastructures sur le continent.
Avec ce cas pratique, Oxfam met en évidence que la solution risque d'être plus complexe que le problème, avec des risques de dérapage budgétaire, une allocation inopportune des ressources publiques et surtout une privatisation peu efficace du service public. Dans le cas du Cameroun, le secteur de l'éducation est un exemple approprié. Bien que le gouvernement ait privatisé le secteur, ce dernier englobe la plus grosse enveloppe du budget public, pour des résultats qui sont aujourd'hui jugés mitigés.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.