(Agence Ecofin) - L’annonce le 19 août par l’agence de notation Moody’s de la dégradation de la note des quatre plus grosses banques d’Afrique du Sud ne fait pas l’unanimité des observateurs, acteurs et analystes de l’environnement économique et financier en Afrique du sud.
Toutefois, sur le Johannesburg Stock Exchange où sont cotées toutes ces banques, les investisseurs, eux, se sont montrés prudents et semblent avoir tenu compte des avertissements de Moody’s. A 14 heures 30 (locales), le titre Barclays Africa Group (ABSA) affichait un recul de 2,8%. Nedbank était en recul de 1,59%, Firstrand Bank perdait 1,92% et Standard Bank elle a perdu jusqu’à 2,94%. Seul Capitec Bank affichait une modeste hausse (+ 0,72%)
La Banque centrale s’est défendue du raisonnement de l’agence de notation qui fait savoir que les mesures prises par elle pour soutenir African Bank, soulevaient des préoccupations quant à la protection des créanciers en cas de risque de faillite au sein au sein d’une banque. « Le secteur bancaire sud-africain reste solide et en bonne santé. Les ajustements d’avances accordées ne concerne que 3,7% du volume global des prêts à l’économie », a commenté la banque centrale dans un communiqué.
Capitec Bank s’est déjà défendue, de ce que son modèle de prêts non sécurisé est différent de celui d’ABIL. Ses dirigeants ont expliqué que leur clientèle est constituée d’une base de 2,5 millions de personnes dont elle gère les salaires et qu’au contraire de la banque en faillite qui tirait presque tous ses revenus des activités de crédit, une partie de son revenu est tirée des frais prélevé sur les transactions effectuées par ses 5,6 millions de clients déposants. Enfin la banque s’est dite surprise de ce que sa note soit dégradée après seulement 20 minutes de conversation avec les responsables de Moody's.
D’autres analystes estiment pour leur part, que la réaction de Moody's est exagérée face à la situation que traverse ABIL. « Une banque avec un business model très fragile est mise sous curatelle et maintenant il faut dégrader les notes des quatre plus grosses banques d’Afrique du sud, tout ceci me semble exagéré. Le système bancaire sud-africain dans son ensemble, me semble être un des mieux régulé », a commenté Razia Khan, chef du département recherche Afrique chez Standard Chartered Bank selon des propos rapportés par le média sud-africain Moneyweb.
Chez Moodys, on explique la décision de dégradation qui a été prise en raison des risques de pression sur le revenu des banques. « Cette révision à la baisse reflète notre inquiétude au regard de la faiblesse de la croissance économique, particulièrement dans un contexte marqué par la pression sur la soutenabilité de la consommation du fait d’un endettement élevé des consommateurs, ce qui pourrait se traduire pour les banques par une augmentation des coûts du crédit », explique-t-elle dans son analyse.
Dans la même logique on ne peut oublier que, déclarant ses performances annuelles s’achevant à fin mars 2014, Capitec Holdings a fait savoir que l’incapacité de certains de ses clients à respecter les échéances de remboursement, s’est traduite par un accroissement des provisions pour risque, qui ont impacté ses revenus nets. Il est aussi à préciser que l’exposition globale des banques sud-africaines à des créances non sécurisés, à fort taux d’intérêt et n’étant supportées par aucune garantie est estimée avoir atteint 12% de leurs actifs globaux au premier janvier 2014.
Idriss Linge
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